lundi 13 décembre 2010

Crachin

Les gouttes de pluies glacées glissaient sur sa chevelure.
Elle était assise, sur ce petit coin de pierre figée
Elle se révélait pâle, comme un spectre du passé
Adossée, insouciante contre le mur blessé

Les perles cristallines ruisselaient jusqu'à ses yeux
Deux abîmes brunes et incertaines
Deux gouffres délicieusement terrifiants

Elles descendaient, comme des larmes vers son nez,
Allongé, dominant ses lèvres,
Vermeilles et parfaitement tracées

La majeure partie de son corps,
Cachée par un vieux manteau masculin,
La rendait d'autant plus désirable

A sa vue, vous étiez pris dans un doux tourbillon.
La finesse de ses traits divinement esquissés
Lui conférait une vénusté irréelle

Elle apparaissait telle l'âme, l'emblême de la beauté,
Assise sur ce petit coin de pierre figée.
Elle était l'incarnation de l'idéal,
L'allégorie de la mystérieuse élégance.



T.

dimanche 14 novembre 2010

Ténébres

La belle ténébreuse marche le long du trottoir,
Depuis le début de ce langoureux soir
Elle transperce la nuit noire
Hantée par ses maigres espoirs

Ses pas sur  l'argenté cloaque
Où les lampes se reflètent,
Comme la lune sur le lac,
Laissent des traces imparfaites

Sa chevelure si prompte à défier le soleil
N'est plus sous la lune qu'un amas de tige blondes
Son parfum mystérieux aux senteurs vermeilles
Se faufile le long des rues nauséabondes

Sur le sol l'eau, fléau d'une nuit
Sous la pluie battante elle fuit
L'ivresse est à portée de mains
Pourtant elle sent se resserrer les liens

La lumière des lampes s'alanguit
Une lueur blanchâtre terrifiante
C'est le visage apaisé de l'aube, qui
vient tuer l'éclat de ses yeux ternis

La belle ténébreuse marche le long du trottoir,
Depuis le début de ce langoureux soir
Elle transperce la nuit noire
Toujours hantée par ses maigres espoirs